On a tous des trucs dont on évite de parler. - Cassandre & Logan
Auteur
Message
Invité
“ Invité „
Sujet: On a tous des trucs dont on évite de parler. - Cassandre & Logan Jeu 16 Jan - 18:21
Cassandre & Logan
Visite de routine. Je laisse échapper un soupire. Je n’aime pas tellement ses visites, parce que je sais de quoi on va parler… En même temps, si je n’avais pas cette prothèse, je ne serais pas obligé de me rendre à ce rendez-vous. Nouveau soupire. C’est comme ça depuis que j’ai perdu ma main, je suis obligé de voir régulièrement des professionnels de la santé, pour voir si tout va bien, s’il n’y a pas de problème, si je me sens bien, ou bien si ma prothèse est toujours adapté. Il en ressort toujours la même chose : tout va très bien, si ce n’est que je n’accepte toujours pas le fait de devoir porter cet horrible truc. Je crois que même au bout de quatre ans, je n’ai toujours pas fait le deuil de ma main. J’y accorde beaucoup d’importance. Et j’accorde aussi beaucoup trop d’importance au regard que les gens ont dessus, c’est pour ça que je fais toujours tout mon possible pour la camoufler. Je lance un regard à mon reflet. Mes cheveux sont en total désordre et ma barbe naissante me donne l’air un peu plus vieux. Je lève mon moignon devant moi et y fixe la prothèse. Je crois qu’ils ont essayé de faire un truc esthétique, qui ressemble à une vraie main mais… y a qu’à jeter un simple coup d’œil pour comprendre que ce n’est pas du vrai. Mais bon, c’est ça ou bien me trimbaler le moignon à l’air… Au moins avec ça, je peux enfiler un gant et faire comme si de rien n’était. Avec une main en moins, j’en oublis presque qu’il me manque deux orteils.. Mais c’est sans doute parce que je vois mes orteils moins souvent que ma main et que ça ne sert pas à grand-chose… Je peux très bien vivre ans. Alors que sans ma main c’est… compliqué. Aspergeant mon visage d’eau, je me redresse et m’essuie rapidement avec du papier, avant de quitter les toilettes de l’école militaire de Fort Bliss. Comme je ne servais à plus rien sur le terrain, je me suis retrouvé ici à enseigner les bases à tous les petits nouveaux qui un jour peut-être se retrouveront eux aussi avec un membre en moins. Je m’en plains pas, j’adore enseigner… Et c’est toujours mieux que de me retrouver assis derrière un bureau, recyclé dans l’administration. Je crois que je n’aurais pas supportais. Là au moins, j’ai l’impression d’être utile. Les couloirs sont vides, et je quitte donc l’école à la hâte par peur d’arriver en retard à ce fichu rendez-vous. Le trajet n’est pas long. Et une fois arrivée, je regrette déjà d’être venu. La seule chose qui me console à vrai dire, c’est que j’espère tomber sur Cassandre, une jeune infirmière. Je la connais depuis que j’ai perdu ma main... A vrai dire, elle fait parti de ceux qui étaient là, au moment de ma convalescence. Elle me connaît depuis le début… Même si elle m’a toujours connu sans main. Mais voir un visage familier est toujours plus motivant que de devoir raconter une nouvelle fois mon histoire à une nouvelle venue… J’ai horreur de ça. Horreur de m’adresser aux nouveaux. Je sais bien qu’il y a un début à tout. Mais, c’est vraiment pénible pour moi de devoir parler de ça et me remémorer ce qui s’est passé, vraiment. C’est pour ça que je préfère m’adresser aux ‘anciens’. Je pousse la porte de ma main valide et m’annonce à l’accueil du service, ou on me demande de patienter un moment. Sans un mot de plus, je vais donc m’assoir…
Sujet: Re: On a tous des trucs dont on évite de parler. - Cassandre & Logan Jeu 16 Jan - 20:07
Le visage douloureux de l'enfant regardait Cassandre avec pitié. Comme si sa bouille d'ange allait empecher la rousse de faire son travail. Oui il était absolument adorable et faire du mal à un si adorable gosse lui faisait mal au coeur mais c'était pour son bien. Sans cette injection, il n'irait pas mieux et il serait toujours malade, obligé de rester dans son lit d'hopital à souffrir. Cassandre essaya de gagner la confiance du petit garçon et elle sortit son aiguille. C'est drole de penser que quand elle était petite, elle aussi ne supportait pas les piqures et l'aiguille lui paraissait si grande à l'époque. C'est bien connu quand on est enfant, on voit toujours tout en grand et puis on grandi et on se rend compte de la petitesse des choses. Cassandre injecta le vaccin dans la seringue et la planta doucement dans le bras du petit garçon qui faisait son possible pour être courageux. Elle plaça le pansement et se mit à la hauteur du visage de l'enfant.
-Bravo mon bonhomme, tu as été très courageux, tiens une sucette, tu la mérites.
Le petit regarda la friandise avec envie et remercia Cassandre, oubliant la piqure et goba la sucette en un coup, Cassandre dit au revoir à l'enfant ainsi qu'a sa mère et retourna dans son bureau pour consulter ses dossiers. Cassandre devait s'occuper d'une visite dans moins de dix minutes. La rousse esquissa un sourire en voyant à qui appartenait ce dossier, Logan Wiggins. C'était un de ses plus vieux patients, elle avait eu son dossier alors qu'elle n'était qu'une stagiaire et elle connait son dossier médical à la perfection. Cela fait plus de quatres ans qu'elle l'aide dans sa convalescence. Logan est loin d'avoir eu de la chance, il a perdu sa main ainsi que quelques orteils et Cassandre sait très bien qu'il a encore du mal avec ça. Apres tout perdre sa main comme ça en claquant des doigts ne doit pas être facile tout les jours. C'est pour ça qu'elle a essayé de l'aider autant psychologiquement que physiquement et une amitié s'est crée entre eux.
Tout en pensant à son patient, Cassandre se dirigea vers la salle d'acceuil dossier en main. Elle poussa la porte avec sa main tout en relisant le dossier une énieme fois et regarda autour d'elle, de nombreuses personnes attendaient et elle se dirigea vers Logan qui attendait son tour. Avec un sourire acceuillant, elle alla le chercher.
-Bonjour Logan, c'est moi qui vais m'occuper de toi aujourd'hui, tu viens?
Restant professionelle, elle lui serra sa main valide et resta près de lui pour voir si il avait besoin d'aide pour se lever. Sachant qu'il était loin d'être à l'aise dans un hopital, elle essaya de lui changer les idées en lui parlant.
-Alors Logan, comment vas tu?
Invité
“ Invité „
Sujet: Re: On a tous des trucs dont on évite de parler. - Cassandre & Logan Ven 17 Jan - 19:46
Cassandre & Logan
Je déteste les hôpitaux de manière générale. Je déteste y être, devoir y attendre. Je déteste devoir venir y voir quelqu’un, et je déteste y venir pour moi. Vraiment. Mais je suis bien obligé d’ aller quand même. Je dois sans doute m’estimer heureux de m’en être tiré qu’avec une main et de doigt en moins, j’aurais très bien pu y laisser les deux, ou bien même les 4 membres ou carrément la vie. Ouais… Je crois que je suis plutôt chanceux en vérité. Je laisse échapper un soupire. A chaque fois que je viens ici, j’évite soigneusement de me faire remarquer et de remarquer les autres. J’ai pas très envie d’entrer en contact avec les autres personnes, les autres malades, ou bien de les dévisager parce qu’ils ont une quelconque maladie ou je ne sais quoi. Non, je trouve déjà ça pénible quant on s’attarde sur mon handicap… Alors je ne fais pas aux autres ce que je n’aime pas qu’on me fasse, tout simplement. Ignorant la personne qui vient s’assoir à côté de moi, je pause discrètement ma main en toc sur mes jambes, par peur que dans un mouvement brusque on ne me la touche. Je déteste ça. Plus que tout au monde. Encore plus que de venir ici. Je ne supporte pas qu’on touche cette… cette chose. Je ne sais pas pourquoi. C’est comme ça. Sans doute parce que ce n’est pas moi, cette chose n’est pas moi, ce n’est pas ma main, alors que tout le monde ici, les médecins, les infirmières s’applique à faire comme si ça l’était… « Bonjour Logan, c'est moi qui vais m'occuper de toi aujourd'hui, tu viens? » Je lève les yeux et je suis plutôt content de voir que j’ai une chance de malade et que mes pensées se sont exaucées. Mon désir qu’il s’agisse de Cassandre qui s’occupe de moi aujourd’hui vient effectivement de se réaliser. « Bonjour. » Je souris. Ouais, vraiment chanceux. Je me lève et me saisit de la main qu’elle me tend. Une chance que ma main droite soit intacte, sinon, je serais bien incapable de faire se geste anodin. « Alors Logan, comment vas tu? » Comment je vais ? Je vais… Bien. Je crois. J’en sais rien. Je pourrais aller plus mal non ? Non au lieu de ça, j’ai un boulot que j’aime bien, j’ai deux sœurs merveilleuses, j’ai rencontré une femme qui me plait – bon je l’ai pas revu depuis mais c’est toujours ça – j’ai un appartement plutôt pas mal, je viens même de m’acheter un nouvel écran plat ! Ouais, j’ai vraiment tout pour aller bien. A part peut-être le fait qu’en quatre ans je n’arrive toujours pas à me faire à cette foutue prothèse et à faire le deuil de ma main. Faire le deuil de mes doigts de pied s’était de la rigolade à côté. Vraiment. Et le truc, c’est que… Je sais que je n’y arrive, je l’admets. Mais rien ne change. Pourtant, les psys et tout ça, ils disent bien qu’admettre son problème c’est faire un énorme pas en avant. J’ai admis mon problème, j’ai donc fait un pas en avant… Le truc c’est que, je crois que depuis, j’ai pas fait un pas de plus. « Je vais bien merci… et toi ? » Réponse tellement simple. Sans doute pas sincère, parce que j’ai horreur de m’étaler, de me livrer, d’ouvrir mon cœur… Horreur. Mais de toute façon, je sais que quant nous serons loin de tous ses autres personnes, isolés dans une pièce… Je devrais répondre à ses questions sincèrement. Je le sais.